L'homme est tout entier devenir, et n'est que cela; et comme le devenir lui-même est toute irréversibilité, il s'ensuit que l'homme entier est tout irréversibilité: l'homme est un irréversible en chair et en os! L'homme est un irréversible incarné: tout son "être" consiste à devenir (c'est-à-dire à être en n'étant pas), et par surcroît il devient (advient, survient, quelquefois même se souvient), mais ne revient jamais...
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C'est l'impossible qui est facile, puisqu'il n'est pas fait pour être fait, et c'est au contraire le possible qui est difficile et périlleux, qui exige audace et courage: car on n'a pas d'excuses de démissionner quand le pouvoir s'exerce dans le sens du possible.
(...) le meilleur moyen d'en sortir n'est pas de s'affoler, d'aller et venir et de tournoyer parmi les arbres, mais de marcher tout droit dans le même sens. Car l'issue est toujours et de toute façon en avant. Heureux, écrit Liszt, celui dont le pied ne se pose pas deux fois dans la même empreinte.
Vladimir Jankélévitch, L'irréversible et la nostalgie
© Photos by Esther Hege, gestalt-thérapeute, psychothérapie
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