L’art de porter un nom consiste à sentir cet événement de la naissance qui nous accompagne inlassablement, qui prend la forme d’une capacité à voir et à sentir la naissance de l’événement, d’une rupture dans la trame du monde, déchirure inattendue dans le temps et dans l’espace. Porter un nom, se porter vers son nom, c’est vivre l’événement de la naissance qui se produit entre deux mondes, ouverture même de la transformation entre un premier monde éclaté et l’autre en éclosion.
L’événement, le véritable événement-avènement, nous expose au risque, à la chance, de devenir autre, il est imprévisible. L’événement est rencontre. Il est de soi transformateur. Il est donc naissance et renaissance. Il ouvre un monde à l’être humain qui l’accueille en se transformant et dont l’accueil consiste dans cette transformation même, dans un devenir autre. Si la transformation, si la renaissance n’ont pas lieu, l’événement surgit dans la béance, dans le vide de l’être.
Je porte un nom, signifie dès lors : je porte la capacité infinie de ma renaissance.
Marc-Alain Ouaknin, Le livre des prénoms
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